(Réalisation des karmans d’aile du Dewoitine D 520)
Fibre ou métal
(Episode 1)
D’abord il faut dissiper une idée que l’on pourrait avoir, celle de faire ces pièces en fibre. Certes, on a fait le cône d’hélice en fibre, car on n’a pas trouvé de tour à repousser de dimensions suffisantes, certes les pipes d’échappement seront en fibre car elles seraient vraiment compliquées à faire en acier (quoique…), mais pour le reste, on va tout de même tâcher de témoigner un certain respect aux anciens en s’approchant de leurs gestes et de leurs techniques. Et puis, une surface métallique, ça a un autre look qu’une surface fibre, même avec la peinture, ça prend la lumière différemment, les bords sont plus minces, on peut la fixer sur la machine avec de vraies fixations (on y reviendra).
C’est donc pour ces raisons qu’on avait investi dans des machines de tôlerie, et qu’on avait organisé un stage avec Stéphane Lagnitre, qui était alors encore choumac au Musée de l’Air et de l’Espace et était venu nous dispenser son savoir dans une bonne humeur communicative.
Comme nous l’avions pressenti à l’occasion de ce stage, certaines pièces de tôlerie sur le D520 seront faciles, d’autres beaucoup moins. En effet, il y a la question de la développabilité. Késako ça ?
Eh oui, il y a des pièces développables, d’autres non. La bonne définition d’une surface développable, c’est quand le plan tangent est le même tout le long d’une génératrice de la surface ; exemple : cylindre, ou cône, qu’on peut faire rouler sur une surface.
On pourrait dire aussi, pour simplifier, que c’est une surface qu’on peut aplatir au fer à repasser !
Les surfaces non développables, ce seront les garde-boue de moto, les cônes d’hélice, les ailes de voitures anciennes… et les karmans d’aile du Dewoitine 520.
Et de fait, sur le D520, il y a un beau karman, celui de l’aile. Il commence sous le fuselage à l’avant, tourne le bord d’attaque de l’aile et se termine en s’évasant vers l’arrière. Oui, Stéphane nous l’avait dit, cette pièce ne sera pas simple.
Donc on va essayer de la faire. C’est comme disait Latécoère, en plus modeste : « puisque ce n’est pas possible, il ne reste plus qu’à le faire ». Et puis si on y arrive, le reste sera plus facile, ça nous donnera du cœur à l’ouvrage.
Suite au deuxième épisode